Epopée |
10 h 00 : Enfin le moment tant attendu par tous les poulpes et calamars de la baie marseillaise
Captain' CONSPI a repris du service, le justicier du genre invertébré.
Aujourd'hui, le 08 février 1998, j'ai pu retrouver mon vieil ami "Joe, le calmar", et ainsi sa nouvelle compagne "Ingebolz ", venue le rejoindre des confins d'un fjord norvégien. Un calmar, et pas calamar !, vraiment pas perturbé d'être encerclé par six scaphandriers multicolores, le fixant avec douze yeux de merlant-frits.
Le mollusque céphalopode faisant partie de l'ordre des Décapodes, non ce n'est pas une secte satanique semblait vraiment dépité face à notre curiosité maladive.
Température de l'eau : 13°c en surface, 11°c à -11 m.
Temps ensoleillé.
Départ de la plongée : 11h00. En plein dans les prémices du Pastaga. Comme on dit sur la Canebière, con.
Densité de bipèdes subaquatiques : 10 crapauds / m2.
Durée de plongée : 45 minutes.
Profondeur : - 14 m. (-13,7 m. en réalité, mais n'oublions pas que nous étions à 5 kms à vol de pélican de Marseille, à "La Vesse" plus précisément.
Visibilité réduite due à une eau trouble, chargée de particules en suspension. (expression scientifique n'ayant pour unique but de définir une purée de plancton, algues et autres m..... à la dérive).
Nous avons survolé un immense "champ" de Posidonies : Plante marine caractéristique de la Méditerranée, longues feuilles filiformes allant de 1 cm à 1m de longueur. On la retrouve sur les fonds de sable et détritiques depuis la surface jusqu'à 35 m. de profondeur.
Aucun poulpe pour saluer mon retour, malgré l'annonce de ma visite dans l'hebdo le "le calamar déchainé".
Ma fierté personnelle me poussait à afficher un sourire de décontraction, alors que je soufrais singulièrement de froid. Aussi notre palanquée (nom donné à une fournée de plongeurs sous la direction d'un inévitable et indispensable chef de palanquée) se composant de 4 hommes et 2 femmes, je me suis senti rassuré car l'un d'eux finirait par faire remarquer à notre chef un soupçon d'hypothermie. Que nenni, nullement indisposés, nous avons poursuivi notre visite. Après 3 contrôles à des intervalles de 15 minutes, effectués par notre chef, nous décidâmes tout de même de remonter. Il nous resta en surface à peu près 80 bars de pressions dans nos bouteilles sur les 200 bars initiaux, ce qui prouve une consommation d'air pendant la plongée qui fut tout à fait raisonnable. Moralité : le moniteur aurait encore pu nous torturer pendant une demi-heure. Expliquons brièvement ces termes pour les non initiés. Cet appareil, composé d'un boîtier cylindrique contenant un cadran et une aiguille, se raccorde sur la bouteille et permet d'indiquer le pression d'air restant dans la bouteille.
Heureusement, grâce à la bienveillance de mon moniteur, j'ai pu vous raconter l'histoire de ce poulpe, car voyez-vous j'ai passé deux semaines à l'appeler Calmar. Il sauva ma pauvre vie d'une chute irrémédiable dans le gouffre de l'ignorance, il m'expliqua avec un flegme moqueur que le calmar était une espèce pélagique que l'on ne pouvait rencontrer qu'à plusieurs dizaines de kilomètres du littoral. Je le remercie personnellement ainsi que Billou Gates, qui grâce à sa formidable fonction de Word 7 : " Remplacer ", m'a pris de substituer " Calmar " par " Poulpe ".
Que la vie est belle et simple, enfin...
9 h 00 : Nous voilà sur la pointe rouge, lieu dit du littoral marseillais d'où partirent de vaillantes équipée de caravelles vers la conquête d'un nouveau monde, comme dirait si bien mon idole ludico-informatique , j'ai nommé Sid MEIER et l'un de ses chef d'uvre : Colonization.
Donc nous voilà embarqués sur vieux chalutier aménagé en tramway à plongeurs (composter votre ticket et embarquez !), en direction du phare du Planier. Nous avons parcourus ces 6 miles (11,5 Kms environ) en l'espace d'une demi-heure, juste le temps de pouvoir admirer les quelques sirènes en train d'enfiler leur tenue de ballet, tout en valsant sur le pont du bateau à cause d'une houle friponne.
Seulement, la plongée peut vous faire basculer vers une autre sensation : tantôt elle émerveille, tantôt elle glace le sang. Comme dirait notre cher amiral Olivier de KERSAUSON, un naufrage n'est pas un spectacle mais une tragédie, même si s'est James CAMERON qui orchestre.
Il y a donc de ces plongées qui vous glacent le sang, Notamment ce bateau portant le doux sobriquet nom de " DALTON ", navire de transport de troupes coulé lors de la deuxième guerre mondiale. Il gît depuis sur les flancs immergés de cette île. La poupe du bateau repose sur le fond sablonneux à -35 mètres, alors que l'avant du navire (partie la plus abîmée du navire) culmine à -15 mètres de profondeur. Inquiétant spectacle que de voir le pont déchiqueté par des failles béantes sur toute la longueur du navire. Il ressemble maintenant à une coquille de noix ayant été éventrée en son centre et ne présentant plus qu'un amas chaotique de métal.
Sa souffrance devait être à l'échelle des hommes qui eurent les premiers rôles, le bruit de nos bulles filant vers la surface a remplacé les mitraillages des chasseurs et le sifflement des obus.
Peut être que la présence de l'épave d'un Messerschmidt, allemand bien sûr, expliquerait les raisons de ce mini-cataclisme. Aussi, l'ironie du sort a voulu que ce soit dorénavant le bateu qui survole l'avion de chasse, gisant à par -45 mètres de fond.
Bateau - hôtel formule 1, pour les Galathée (de la famille des araignées de mer, couleur rouge vive), ce qu'il est cultivé mon moniteur : moi j'avais pris ce truc pour une simple araignée de mer. Refuge de congres sans cavités fixes, taverne à rascasses, bordel pour dorades etc...
Pour obtenir plus d'informations sur cette tragédie, je vous conseille de lire l'ouvrage de feu Jacques-Yves Cousteau intitulé " Le Monde su silence ", dont adapté au cinéma et récompensé par une Palme d'or, étonnant non ?, pour un documentaire sous-marin.
14 h 30 : le ventre plein nous lançâmes à la conquête d'un nouvel Atlantide.
La visite commémorative du matin étant achevée, nous fîmes une plongée touristique.
Enfin elle aurait du l'être au départ si on me donna pas la responsabilité de diriger cette plongée. Ces sournois personnages, équipés d'ordinateurs de plongée gros comme des montres et de compas électroniques de tailles comparables, me confièrent cette mission au combien périlleuse.
L'aller de se déroula sans encombre : nous avons contourné un tombant (petite colline sous-marine) sur la moitié de son périmètre à peu près. Puis arriva l'erreur fatale : un carrefour non signalé sur le guide des autoroutes subaquatiques du Sud-Est de la France et nous remontâmes à la surface cetes mais à deux cent mètres du bateau.